Elle est belle. Elle si belle qu'il ne se lasse pas de la regarder. Jules aime bien regarder les personnes qui ont quelque chose de spécial. Qui sont différents. Et même si son regard peut être dérangeant, et même s'il la dévisage de façon déplacé, il ne s'arrête pas. Il en est incapable. Littéralement, il est scotché par tant de beauté. Peut-être qu'aujourd'hui, il était un peu trop heureux, qu'il avait un peu trop fumé ou qu'il était totalement perché sur une autre planète. Perdu au beau milieu d'une constellation. « L'amitié est un lien curieux. Tu ne trouves pas ? Il se tisse parfois avec la lenteur des dentelles et parfois surgit comme une étoile filante. C'est un peu comme ta beauté. De loin, on ne se rend pas bien compte à quel point tu es belle et lorsqu'on s'approche un peu trop près, c'est comme lorsque l'on tombe d'une chaise. On se sent complètement à côté de la plaque. On est surpris par tant de beauté. » Jules. Jules et ses étoiles. Jules et ses comparaisons. Jules et ses compliments spontanés. Il ne s'agissait pas d'une déclaration d'amour, mais plutôt d'une déclaration envers sa beauté. « C'est incroyable, non ? Je veux dire, d'avoir la chance de pouvoir rencontrer quelqu'un d'aussi beau à l'intérieur qu'à l'extérieur. » Il avait trouvé un sujet bien plus intéressent à décrire, bien plus intéressent que de raconter sur son bout de parchemin  l'histoire de Nicolas Flamel et de sa pierre philosophale. Ils étaient censés travailler, remonter leur moyenne. Mais ce soir, il avait envie de tout oublier. Il voulait s'oublier.  Il avait envie de porter toute son attention sur sa meilleure amie. Quitte à devenir un imbécile heureux qui récite de longues tirades. Il ne voulait pas penser à sa vie qui était incroyablement chiante, à tous ses problèmes qui le mettait en pièce. Il ne la quittait pas des yeux et souriait bêtement. « Vient. On laisse tomber Nicolas Flamel, sa pierre au nom imprononçable et sa putain de pseudo transmutation du plomb en or. On arrête tout.  » Il se lève et tend sa main en attendant qu'elle la saisisse. En espérant qu'elle soit aussi éprise du courant électrique qui parcourt ses veines. De cette folie qui imprègne constamment son esprit. « Échappons-nous de tout ça. Allons vivre un petit peu. Un court instant. » dit-il avec des étoiles dans les yeux. Ils sont dans la salle d'études, ils sont censés rester encore une demi-heure, mais la surveillante s'est absentée. Elle est partie à cause d'une urgence à l'infirmerie. C'était l'occasion parfaite. Ce ne serait pas la première qu'ils diraient au règlement d'aller se faire voir.

i can hear sirens, sirens,
he hit me and it felt like a kiss,
i can hear violins, violins,
give me all of that ultraviolence.
☆☆☆
lana del rey | ultraviolence » jasha.

T'es là, tu contemples Jules et tu n'sais que faire. Au début, t'as vraiment cru que t'allais rougir. Parce qu'il faut dire que les paroles de ton meilleur ami ferait piquer un fard à n'importe quelle jolie demoiselle. Ensuite, tu t'es dit que t'allais contenter de sourire. Mais surement que sourire c'est pas suffisant ; il t'a dit des choses tellement belles que si tu n'fais que sourire, ça fait tâche. Tâche à côté d'ses paroles, d'sa belle gueule et d'sa mimique bien à lui, qui est plaquée sur son visage depuis tout à l'heure. Alors voilà, t'as décidé que t'allais le regarder avec tes yeux qui parfois, font mieux passer les émotions que tes mots. Mais au final, t'as souri, aussi. Et t'as piqué un putain de fard sans t'en rendre compte. « Aussi curieuse que peut être l'amitié, je pense qu'elle est essentielle. Inévitable. Je ne me verrais pas vivre sans mes amis... Sans vous. » Tu attends quelques secondes, pensive, et fermes les yeux doucement avant de les réouvrir de plus belle. Personne ne t'a jamais dit ça avant. Aucun homme sur Terre ne t'a dit de si jolies choses. Pas même ton père, pas même ton frère, ou un de tes autres meilleurs amis. Alors pourquoi, pourquoi c'est différent avec Jules ? « Aaah, et t'es tombé de la chaise, dis moi ? » Tu avises sa main, posée sur la table de la salle d'étude. Tu passes un doigt dessus, puis deux, puis tu finis par la caresser doucement. Tu ne regardes que sa main, pas son visage. Tu ne sens plus rien, sauf ton coeur. Qui bat. Fort. Trop fort. S'il faut, Jules l'entend, ton coeur. Tu sens tes pensées, aussi, qui tambourinent dans ton crâne sans cesse. Le plus fou dans cette histoire, c'est que tes pensées sont uniquement dirigées vers le mec assis en face de toi. « C'est incroyable, oui. Ça m'est déjà arrivé, tu sais. C'est quand je t'ai rencontré... » Tu avales ta salive et essayes de te demander pourquoi tu viens de dire ça. Ce qui est con avec les paroles c'est qu'une fois qu'elles sont prononcées, on ne peut plus revenir en arrière. Et puis soudain, il se lève, renverse à moitié sa chaise et te propose de partir. D'aller vivre, pour le citer. Tu lui offres le plus beau sourire du monde, attrapes sa main et enlace tes doigts dans les siens puis le regardes, arquant un sourcil : « Et où va-t-on vivre ? » Autrement dit, tu te demandes bien où vous allez aller. Mais qu'importe la destination, tant que tu es avec Jules, tout sera parfait.

Fingertips, northern lights
Tracing colors right through the sky
Underneath a lullaby
I never felt as blissful as I do here
And my heart sings in a world so incredible
And everything shines much brighter.

Indéniable. C'est indéniable l'affection qu'il peut porter pour ce petit bout de femme. Tout semble si simple avec Asha. Il suffit qu'il la scrute un peu trop longtemps pour qu'elle lui offre son plus beau des sourires. Il aime bien aussi lui faire tourner la tête, la surprendre. A ses côtés, le blason d'or n'a pas besoin de jouer un quelconque rôle, il se contente juste d'être un peu trop heureux. Il croit qu'il peut lui dire tout ce qu'il pense à voix haute sans que ça ait une quelconque incidence sur le coeur de son amie. « Sans moi surtout. » Prétentieux. Il espère un jour gratter quelques places devant Remy. Comme si tout n'était que compétition, comme si c'était possible. Elle est si calme. Si paisible. Et lui si, désinvolte. Si spontané.  « Je ne voudrai pas te spoiler. En fait c'est plutôt le genre d'Eytan de tomber de sa chaise. En général, je suis celui qui le rattrape. Parce que ça fais mal. Tu sais, tout ça. » Parce que ça fais mal d'aimer les personnes qu'on aime. Autant que ça fait du bien. Ce qu'il n'aimait pas dans les sentiments, c'est qu'à un moment ou à un autre, tu es obligé de souffrir. Jules trouve injuste cette règle stupide. D'être obligé d'être irrémédiablement malheureux. Indéniablement, il sait qu'en était un peu trop Jules, il finirait par la blesser. Elle. Celle qu'il aimait tant observer, qui l'inspirait du haut de son nuage où il était perché. Le garçon la laisse jouer avec ses doigts. Il a fait exprès de ne pas lui répondre directement, de répondre à côté. Jules ressent un moment de flottement lorsqu'elle se confie. « Vraiment ?  » dit-il d'une voix intéressée. Il se sent flatté, parce qu'elle sait à quel point c'est le bordel à l'intérieur de sa tête. Comment tout se barre en cacahuète. Et elle trouve ça beau. Il trouve ça plutôt intéressent même s'il ne lui dira pas qu'il ne lui arrivera jamais à sa cheville. Comme une évidence. « On improvise. » Des plans tirés sur la comète. C'est comme ça qu'il appréciait les petits instants de la vie, quand précisément il ne savait pas où elle l’emmènerait. Il se laisse transporté par son petit nuage blanc, fait de coton, sur lequel il plane constamment. Il serre la main de la blonde et l'embarque avec lui vers l'inconnu. Ils sortent de la pièce, se mettent à courir, aussi vite le vent, aussi vite que l'euphorie qui parcoure chacun de ses membres. Jules voudrait pouvoir courir avec elle jusqu'à décoller de terre, jusqu'à toucher le ciel. Ils croisent des élèves, ils ne comprennent pas pourquoi ils sont aussi pressés puisque les cours sont terminés. Ils ne comprennent pas pourquoi, ils font les fous. Ils sortent du château, toujours main dans la main, Jules l'entraîne avec lui vers la forêt interdite. Ce n'est pas là qu'il compte les mener. Pas ce soir. Il s'arrête à côté d'un immense buisson, se sépare d'Asha et il disparaît. Pas un mot. Pas un bruit. Quelques secondes plus tard, Jules revint avec un balai. Son balai. Il est surement dingue de le cacher ici, mais soyons réalistes, qui mise à part Jules serait capable de faire une telle chose ? « Cap ou pas cap ?  » dit-il les yeux malicieux. Le blason d'or grimpe sur son balai et attend la réaction de sa meilleure amie. Il lui offre une porte de sortie. Elle est libre de s'en aller, libre de le laisser s'envoler. « Tu sais comment je suis. Tu peux décider qu'on en reste là, ou tu peux me suivre. Prendre le risque d'avoir mal.  » Tu sais Asha qu'il n'y a pas d'avenir, pas de projets avec Jules. Juste des moments comme celui-là. Des moments inoubliables.

i can hear sirens, sirens,
he hit me and it felt like a kiss,
i can hear violins, violins,
give me all of that ultraviolence.
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lana del rey | ultraviolence » jasha.

Remy, Jules, Eytan, Pablo et toi, ça a commencé il y a quelques années de ça. Un groupe d’amis, qui au début n’était formé que par cinq gamins innocents, encore trop souriants pour comprendre que tout n’était pas rose. D’abord, il y avait Remy, ta Remy, ta meilleure amie. La seule autre fille du groupe, ton tout. Sans la blonde, tu n’es rien, si ce n’est perdue. Tu sais parfaitement que c’est la personne à qui tu peux le mieux te confier, avec qui tu as le droit d’être toi-même. Parce que c’est ta meilleure amie, la seule, et que votre lien est unique. Ensuite, il y a Eytan. Le premier. Tu l’as rencontré lorsque tu étais enfant, avec encore des cheveux courts, coupés, et des taches de rousseurs qui étaient parsemées sur ton visage de porcelaine. Durant toute ton enfance, pendant le divorce de tes parents, pendant le mariage avec la pétasse, lorsque tout allait bien ou quand tout allait mal, il y avait Eytan. C’était ton seul ami, gamine. Et il a toujours été évident pour vous deux que Poudlard ou pas, vous n’alliez pas vous séparer. « Oui, Eytan tombe souvent, je l’admets. T’es au courant pour Celestina tout ça, d’ailleurs ? » Puis, il y a Pablo. Pablo et toi, ça a commencé au détour d’un couloir, quand tu l’as vu parler avec Remy. Et toi, spontanée comme tu es, tu es allée lui parler par la suite. Il t’a toujours soutenue, le Pablo. Il t’a toujours aidé dans les matières où tu as toujours galéré. Il t’a toujours conseillée, mais jamais jugée. Et rien que pour ça, il t’a toujours été essentiel. Et ensuite, pour finir, il y a Jules. Le fumeur, le fêtard, le nuage. Ton Jules, ton brun à toi, le seul. Celui envers qui tu vas toujours chercher du réconfort. Celui avec qui tu danses, tu bois. Celui avec qui tu profites de la vie. Celui que tu embrasses furtivement sans vraiment savoir pourquoi. Celui qui te tient la main lorsque ça n’va pas. Celui dont les étreintes sont les plus précieuses. Jules, quoi. « Ça m’aurait étonné, tiens. » réponds-tu lorsqu’il te dit que vous allez improviser. Mais tu attrapes sa main d’un geste résolu, enlaces tes doigts dans les siens et le suis dans le dédale d’escaliers qu’est Poudlard. Vous courrez, tous les deux. Surement que vous devez avoir l’air cons. Surement que les gens sont étonnés de voir Ashmore et Grayson traverser le château en courant, en souriant comme deux parfaits idiots et en se tenant la main. Ou peut-être pas. Après toutes ces années, surement qu’ils doivent être habitués à vos conneries habituelles et à vos sourires complices. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes que tu finis par comprendre que vous vous dirigez vers la forêt interdite. En peu de temps, tu en auras fait des visites dans ce coin-là ! Vous arrivez à la lisière du bois et Jules disparait derrière un bosquet. Tu croises les bras. « Qu’est-ce que tu fous ? » demandes-tu, pas tellement rassurée. La nuit tombera dans quelques heures mais il commence à faire frais et tu n’avais pas vraiment prévu de gilet. Tu le vois ressortir un balai à la main. « Cap, bien évidemment ! » lances-tu sans même penser à ce qui va se passer. Tu n’es pas du genre à refuser les défis. Surtout ceux sur un balai et avec ton meilleur ami. Tu grimpes alors sur le balai, te collant à lui et accrochant tes bras autour de sa taille pour éviter de tomber en plein vol. Tu poses ta tête sur son épaule, soudainement apaisée. « Mais tu ne me feras pas mal, pas vrai ? » lui souffles-tu au creux de l’oreille. Tu as confiance en lui, et il le sait. Tout comme il sait que tu ferais tout pour lui.