it's where my demons hide (ayden)

time is running out, ghost keeping me alive,
i get what it means, you have to survive.
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Cela fait presque un quart d’heure que Deirdre cherche désespérément Sean, et l’heure du couvre-feu approche. C’est qu’elle a besoin de son câlin avant d’aller dormir, oui oui. Après avoir tourné à l’angle d’un couloir pour la énième fois, la jolie blonde s’arrête et soupire un grand coup, les bras croisés contre sa poitrine. Elle aurait peut-être dû rester en bas dans les jardins, au lieu de le chercher vainement partout. En plus elle adore l’odeur particulière de l’herbe lorsque la nuit approche. C’est plutôt difficile à expliquer, mais cette odeur lui procure un sentiment de plénitude. Alors qu’elle allait rebrousser chemin pour se rendre à l’endroit où elle aurait dû se trouver depuis déjà quinze minutes, elle entend des bribes de conversation. Conversation qui avait l’air très intéressante vu le ton secret des participants qui chuchotaient presque. Elle paraissait provenir de l’infirmerie. « … empêcher … transformation … » Les talons de Deirdre quittent le sol alors qu’elle avance sur la pointe des pieds, le plus discrètement possible, en direction des grandes portes en bois légèrement entrouvertes. Bien qu’on l’ait souvent mise en garde quant au fait d’espionner, la vert et argent ne peut s’en empêcher. « … lycanthropie … » Deirdre se décale doucement, de manière à voir ce qui se passe de l’autre côté de la porte avant de se figer. Elle a bien entendu.. lycanthropie ? Elle est soudain prise d’un frisson. Non, elle s’est surement trompée, ce devait être philanthropie ou encore misanthropie, mais pas lycanthropie.

La jolie blonde reprend vite ses esprits et balaye l’infirmerie des yeux. Deux personnes se tiennent au fond de la pièce ; l’infirmière et il lui semble bien que c’est Ayden à ses côtés. Oui, c’est lui, elle le reconnaît à l'uniforme des gryffondor et à sa coupe de cheveux. C’est le type avec qui elle avait échangé plusieurs baisers, pas de la manière la plus chaste, lors d’une soirée où elle avait fini complètement saoule. Ça lui était revenu le lendemain matin alors qu’un mal de tête fulgurant la plaquait dans son lit. Elle a toujours autant de mal à discerner leur conversation jusqu’à ce qu’elle entende à nouveau, et clairement cette fois, les mots suivants : « ma lycanthropie ». C’est lui qui les a prononcés. Deirdre met un certain temps avant de comprendre ce qu’elle venait d’entendre. Ce n’est pas qu’elle est stupide, c’est plutôt qu’elle ne veut pas comprendre. Elle ne veut pas savoir qu’un loup-garou se balade dans Poudlard depuis tout ce temps, que Dumbledore lui-même a permis cela et encore moins qu’elle a embrassé ce dit loup-garou. Perdue dans ses pensées, elle s’aperçoit un peu tard que la conversation entre l’infirmière et le gryffondor est maintenant terminée. Le fameux lycan marche d’un pas assez rapide en direction des portes. N’ayant pas le temps de chercher une excuse et encore moins un plan, Deirdre se plaque un peu trop vivement contre le mur le plus proche et essaie de faire comme si de rien était, feintant un air blasé. Cependant, lorsque les portes s’ouvrent sur Ayden, ses yeux se teintent de frayeur. « Oh, salut Ayden ! » lui lance-t-elle d’une voix qu’elle aurait voulue plus assurée. Ce n’est pas possible qu’il sache qu’elle sait ce qu’il cache de toute façon, non ? Du moins, elle voulait le croire. Lorsqu’il se tourne vers elle, les pensées de la vert et argent virent vers les histoires effrayantes qu’on lui avait racontées lorsqu’elle était enfant. Elle se souvient encore de cette nuit passée sous la tente avec Sean, de l’épais livre qu’il avait posé sur ses genoux, de la baguette qu’il tenait sous son visage après avoir formulé un « lumos », mais surtout des grognements qu’il produisait tendit qu’il dictait les crimes des lycans. Elle se rappelait mieux encore des mises en garde de ses parents lorsqu’un lycan, qualifié de dangereux par son père, se cachait en ville il y a quelques années. Deirdre tente de se reprendre, sentant sa peur prendre le dessus. Elle déteste montrer ses faiblesses. « Euh.. je vais y aller, il reste à peine dix minutes avant le couvre-feu, donc... » Lâche-t-elle un peu plus naturellement cette fois. Elle se retourne ensuite un peu trop vite et d’accélère le pas pour s'éloigner le plus possible de lui.

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Ce soir, c'était la pleine lune. Le cauchemar qui hantait le sommeil d'Ayden, la pire ennemie qui prenait un soir par mois le dessus sur son côté humain. Ayden détestait cette pleine lune. Comme une grande partie de ses semblables lycans, sûrement. Si cela faisait déjà quatre ans que sa première transformation avait eu lieu, il n'en restait pas moins effrayé et anxieux à l'idée que la potion ne fonctionne pas, ou bien qu'il l'oublie. Et s'il blessait quelqu'un à cause d'un excès de colère ? Et s'il tuait quelqu'un ? Il savait qu'il en serait capable, si jamais il n'était pas minutieux dans la prise de son antidote. Il pouvait se souvenir très nettement de ces poils qui avaient recouvert tout son corps entier, de son cri de rage qui avait fendu la nuit, de son instinct animal et sauvage qui avait pris le dessus sur tout, de ces sens affutés qu'il avait mis à profit à la recherche de chaire humaine. Et surtout, il se souvenait de cette envie meurtrière de sang. Animal, humain, n'importe. Il avait voulu tuer, cette première nuit.
Beaucoup de gens avaient des images clichées très fermées des gens atteints de lycanthropie. Très souvent, ils étaient tellement terrorisés par ces créatures cruelles mais fascinantes qu'ils en oubliaient l'humain, la personne vivante, qui se cachait derrière ces hurlements et cette forme carnivore qui subissait l'influence de la lune. Pour le commun des sorciers, un lycan n'était rien d'autre d'une horrible bête assoiffée de sang, qui perdait son âme en perdant quelques centimètres de peau, le jour de sa morsure. C'était pourquoi Ayden avait toujours préféré cacher au reste des élèves sa véritable nature. Ou plutôt, sa deuxième nature. Car il se considérait plus humain doté de capacités magiques que lycan, soyons clairs. Même si ce n'était plus réellement l'avis de ses parents depuis qu'il s'était fait mordre. Eux-mêmes, alors qu'ils devraient lui venir en aide en le soutenant, étaient sûrement les deux personnes qu'il dégoutait, effrayait, décevait le plus. Comme si tout ce qui lui arrivait n'était rien d'autre que sa malheureuse et fatale faute. Ayden les détestait. Oh, comme il enviait tous ces adolescents qui avaient des parents aimants, qui leur envoyaient des lettres toutes les semaines, voir plus régulièrement pour certain. Lui n'avait pas eu la chance de naitre dans la bonne famille.

Ayden ouvrit les grandes portes de bois de l'infirmerie et s'avança dans la pièce, en direction du bureau de l'infirmière. Il lui fallait sa potion. Maintenant. Le couvre-feu aurait lieu dans moins d'une vingtaine de minutes... et sa transformation également, s'il ne prenait pas l’antidote qui lui permettait de garder une apparence humaine. Ses lèvres se crispèrent, ses yeux viraient anormalement au jaune pâle. Bientôt, ses dents s’allongeraient, ses oreilles également. Ainsi que toute sa structure en général. « Mme Pomfresh... C'est Ayden. Il me faut la potion. Vite. » La vieille infirmière releva le regard, et ses yeux s'agrandirent de peur. Elle se hâta d'ouvrir le placard qui se trouvait juste derrière elle, en sortit un flacon d'une couleur peu appétissante et d'une main tremblante, le tendit à Ayden qui, sans hésiter une seule seconde, avala son contenu. Il sentit son coeur reprendre un rythme normal, petit à petit, ses yeux reprirent leur couleur habituelle, et l'envie meurtrière qui commençait doucement à monter en lui s'évanouit. Il savait qu'il n'allait pas passer une bonne nuit pour autant. Généralement, lors des nuits de pleine lune, Ayden était insomniaque et ne pouvait fermer l’œil jusqu'au matin. Il se sentait comme tourmenté par les démons de sa lycanthropie, affamé, également, et il n'était pas rare qu'il descende clandestinement jusqu'aux cuisines pour voler de la nourriture. Sinon, il restait dans la salle commune des Gryffondors, ou marchait à la lisière de la forêt. « Ayden, la prochaine fois, fais plus attention, et viens plus tôt pour éviter ce genre de chose. Tu sais que ta lycanthropie n'est pas à prendre à la légère. Tu pourrais blesser quelqu'un en te transformant. » Il hocha la tête. Il connaissait les risques que pouvaient apporter son problème. Inutile de lui les rappeler. Et encore, Mme Pomfresh pesait ses mots. Blesser était peu grave, tuer était une autre affaire. Ayden ne voulait pas être un meurtier. Pas contre son gré. Il sortit de l'infirmerie discrètement lorsque soudain, il se retrouva nez-à-nez avec Deirdre. Cette Serpentard avec qui il avait échangé de longs baisers lors d'une soirée bien arrosée, alors que la jeune blonde était complètement défoncée par l'alcool. Elle le salua d'une voix peu rassurée, il ne répondit pas. Elle sentait à peur à plein nez. Alors qu'elle faisait volte-face, s’apprêtant à repartir d'une démarche trop pressée qui la trahissait, Ayden l'attrapa par le bras. A la pleine lune, sa force aussi était plus importante qu'à son habitude, et il ne se rendit pas compte de l'étreinte qu'il exerçait sur la jolie blonde. « Qu'as-tu entendu, Deirdre. » Cela sonnait bien plus comme un ordre plutôt qu'une question. Approchant son visage de celui de la jeune fille, si bien que seulement quelques centimètres les séparaient, il ajouta. « Et n'essaye même pas de me mentir. Je le saurai. »

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Deirdre se déplace si vite que ses pieds martèlent lourdement le sol. Bam bam bam. C’est suspect, trop suspect, se répète-t-elle sans pour autant ralentir le rythme. Sa respiration se fait plus forte alors qu’elle n’a pas fait un mètre. Pathétique, c’est l’expression qu’elle aurait utilisé contre quelqu’un ayant la même attitude. Au moins il n’a pas prononcé un mot, ce qui lui a facilité grandement les choses. Peut-être qu’il ne se souvient plus d’elle, qu’il pense qu’elle est gênée pour autre chose. Qu’elle éprouve des sentiments pour lui ou un truc qui s’en rapproche. Oui, c’est tout à fait possible ! La vert et argent lâche un discret soupir de soulagement, mais ses pieds refusent de coopérer et ne décélèrent pas. Elle est toujours autant effrayée, à son plus grand damn. C’est finalement la main d’Ayden, refermée sur le bras de la serpentard, qui la stoppe immédiatement dans sa course. Dans un même mouvement, il la retourne vers lui. L’étreinte est si puissante qu’un gémissement de douleur sort de la bouche de la jolie blonde. Elle n’a pas le temps de protester, la voix pleine d’assurance du gryffondor se fait déjà entendre. Il lui demande ce qu’elle a entendu, enfin, il l’impose plus qu’autre chose. Ses yeux foncés et la ride qui lui déforme le front expriment une certaine colère. La serpentard avale durement sa salive, mais il n’est pas question qu’elle se montre pathétique, elle ne se le pardonnerait pas. Il approche soudain son visage de celui de la jeune fille. Seuls quelques centimètres les séparent à présent. Sans pouvoir le contrôler, Deirdre se met à fixer avidement la bouche du jeune homme. Il a de belles lèvres, se dit-elle, indéniablement attirée par celle du bas. La serpentard se maudit mentalement à plusieurs reprises, jusqu’à souhaiter se cogner la tête contre le mur d’à côté pour reprendre ses esprits, mais elle n’en fait rien. La voix du lycan s’élève à nouveau, menaçante. Si elle lui ment, il le saurait, qu’il lui dit. Ce trop-plein d’assurance heurta une corde sensible de la jolie blonde ; l’orgueil. Si bien qu’elle se détacha de l’emprise qu’avaient les lèvres du gryffondor sur elle, pour le regarder droit dans les yeux. « Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? » lui demande-t-elle, énervée. Il était pourtant difficile de la mettre en colère. Deirdre a toujours été plutôt calme en situation de conflits. « Ma moustache épilée ne doit absolument rien à ton petit duvet. » ajoute-t-elle. Le provoquer n’était peut-être pas la meilleure idée qu’elle ait eue, mais lâcher son venin lui avait permis de gagner en confiance. Bien qu’elle ait une peur bleue des loups-garous, celui-ci, elle allait le découper en petits morceaux, puis le manger. « Et lâche moi, tu vas me faire un énorme bleu sur mon bronzage. Tu sais combien de temps ça m’a pris pour avoir un teint comme celui-là ? » Façon détournée de lui dire qu’il lui faisait un mal de chien, sans l’admettre pour autant. Peut-être qu’après ces attaques il lâchera l’affaire, du moins ça arrangerait bien la serpentard. Et puis, qu’est-ce que ça lui fait qu’elle sache ou non qu’il est un loup-garou ? Peut-être qu’il a peur qu’elle le répète à tout le monde. Remarque, c’est ce qu’elle comptait faire sans hésiter dès qu’elle se serait débarrassée de lui.

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Ayden se souvenait parfaitement bien de la soirée qu'il avait passé avec Deirdre. Ayden était le genre de garçons qu'on n'oubliait pas d'inviter aux fêtes les plus branchées du château, où généralement, chacun oubliait ses problèmes, se plongeait dans les boissons, dansait, s'amusait, et finissait complètement déchiré. Il savait comment mettre l'ambiance, était souvent un invité de marque qu'on saluait entre deux gorgées, à qui on faisait un signe de main lorsqu'on l’apercevait. Oh oui, cette soirée, il s'en souvenait parfaitement bien. Il avait pris Deirdre à part, alors que la jolie blonde le draguait depuis quelques minutes déjà, et que d'ailleurs, ça l'avait beaucoup amusé, de la voir se frotter à lui d'un peu trop près, un verre de Whisky-pur-feu à la main, l'esprit totalement retourné par la boisson. Ayden tenait très bien l'alcool, rares étaient les occasions de la voir saoul. Il n'avait jamais su si cette particularité était due à ses facultés de lycan. Et ce soir là, Ayden était un des rares élèves qui pouvaient encore tenir debout sans tituber, désorienté par les effets de l'alcool. Deirdre, elle, avait beaucoup trop bu. Il l'avait emmenée prendre l'air, en haut de la tour d'astronomie. Et ils s'étaient embrassés, pendant de longues minutes. Personne ne les avaient vus, personne n'était au courant. Ayden n'avait pas tenu à raconter l'issue de leur soirée, qui d'ailleurs, n'était pas allée plus loin que de simples baisers échangés. Car s'il y avait bien quelque chose qui caractérisait Ayden, c'était son respect pour la gente féminine. C'était vrai qu'il aimait plaire, qu'il aimait qu'on le regarde, qu'on le drague, aussi. Il restait un garçon, après tout, et parfois, ses hormones prenaient le dessus, comme pour tous les jeunes hommes de son âge. Mais s'il y avait bien quelque chose d'inhumain pour Ayden, c'était de briser le cœur d'une femme. De la blesser, de lui faire du mal. C'était inacceptable. Et c'était peut-être ce côté très gentleman qui plaisait tant à ces demoiselles. Si Deirdre n'avait pas été insensible au physique plutôt avantageux d'Ayden, à son menton tordu et ses yeux noisettes, il avait bien compris que maintenant qu'elle connaissait sa véritable double-nature, il l'effrayait. Il pouvait sentir les battements du cœur de la Serpentard s'accélérer alors qu'il tenait fermement son bras. Elle lui lança un regard noir, ce qui n'eut aucun effet sur Ayden. Elle était incapable de lui faire peur. Comme très peu de gens dans ce château. Mais ce que voulait savoir Ayden, c'était simplement ce qu'elle avait entendu. Si elle était au courant ou non de son secret. Même si maintenant, étant donné son attitude suspect, cela paraissait assez évident. Elle s'énerva, le provoqua, ajouta une remarque sur son bronzage à laquelle il ne prêta aucune attention, comme aveuglée dans sa folie animale et sauvage. C'était la pleine lune qui le rendait si agressif, il le savait. La potion empêchait la transformation et coupait les envies meurtrières uniquement. Ce soir, Ayden était un loup-garou, qu'importait les potions qu'il ingurgitaient et les efforts qu'il faisait ; il était victime de la lune. « Arrête tes enfantillages Deirdre, j'en ai rien à foutre de ton bronzage. » Il remarqua qu'il l'appelait étrangement par son prénom, chose rare puisqu'il ne l'appréciait pas réellement. En réalité, Deirdre n'était qu'une Serpentarde comme une autre, et hormis ces quelques baisers, ils n'avaient jamais vraiment eu l'occasion de discuter. Pour lui, elle n'était pas si différente des autres princesses vertes et argents. Tout ce qui la démarquait, c'était que désormais, elle était au courant pour sa lycanthropie. Et c'était tout ce qui comptait. Il desserra légèrement le poing, conscient qu'il faisait mal à Deirdre. Il la blessait physiquement, mais aussi dans son orgueil. Il le savait, et il comptait bien en jouer. « Dis-moi ce que tu as entendu, maintenant. » Recommença-t-il de ce ton toujours aussi agressif, les yeux plantés dans ceux de la jeune fille. Et, soudain, sans qu'il puisse se contrôler, aveuglé par la colère et la peur, d'un certain côté, que Deirdre sache qu'il soit un loup-garou, ses yeux changèrent subitement de couleur, virant du marron clair au orangé flamboyant. Cela ne dura qu'une seconde. Mais ce fut déjà une seconde de trop pour se trahir.

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Une chose est sure, elle aurait préféré se trouver n’importe où plutôt qu’ici. A cette heure-ci, les couloirs du premier étage sont silencieux et seules les voix du gryffondor et de la serpentard dérangent le calme ambiant. Le rouge et or a d’ailleurs bien plus d’influence sur elle qu’elle n’en a sur lui, ce qui déplait fortement à Deirdre. Elle aurait bien mieux fait de continuer à chercher Sean ou descendre dans les jardins, comme elle l’avait prévu, au lieu de laisser libre court à sa curiosité. Ce doit être l’un des plus gros défauts de Deirdre. Elle ne peut s’empêcher d’écouter aux portes, elle a toujours besoin de son lot quotidien de ragots. Elle ne va pas forcément les colporter à tout le monde, c’est plus qu’elle aime être au courant des choses, mais le savoir est tout de même un pouvoir. Ainsi, elle est sure d’avoir de quoi se défendre, de quoi contrôler les choses, de quoi se protéger des autres, si on veut, bien qu’elle n’est pas foncièrement méchante. En réalité, les potins sont plus sa petite série quotidienne, un divertissement. Il lui est même arrivé de jouer les cupidons en rapprochant deux personnes dont les rumeurs disaient que l’un craquait pour l’autre.

Cependant cette fois-ci, sa curiosité l’a emmenée sur un terrain bien glissant et elle n’a rien de croustillant sous la main pour prendre l’avantage sur Ayden. La seule solution qu’elle a trouvé ; perdre du temps. Ce n’est pas très efficace d’ailleurs, puisqu’il s’impatiente plus qu’autre chose. Elle aussi elle s’en fiche de son bronzage, elle n’a d’ailleurs pas vraiment passé des heures au soleil dans le but d’en avoir un, mais elle n’a rien trouvé d’autre pour détourner la conversation et pour qu’accessoirement, il relâche un peu l’emprise qu’il a sur son bras. Ce qu’il ne tarde pas à faire d’ailleurs. Par réflexe, la jeune fille passe rapidement sa main sur son bras, toujours prisonnier du poing du gryffondor. Elle le frotte à l’endroit où il avait serré un peu trop fort, tout en lui jetant un regard noir. Il répète sa question sur un ton agressif. C’est qu’il est têtu le lycan. Les deux élèves se scrutent d’un mauvais œil, avec toute la haine qu’ils ont l’un pour l’autre, pendant ce qui lui parait une éternité. Lui parce qu’il pense à juste titre qu’elle sait ce qu’il est et elle, parce qu’il l’humilie d’une certaine façon en prenant le dessus sur elle. Quand soudainement, pendant une fraction de secondes, les yeux du gryffondor changent de couleur, du marron à une couleur orange flamboyante. S’en est trop pour la jolie blonde qui recule brusquement de quelques pas, manquant de trébucher. Finalement, c’est lui qui allait la découper pour la manger toute crue. La peur fait trembler ses jambes, si bien qu’elle se sent obligée de poser une main sur le mur d’à côté pour tenir debout, bien que la main du lycan retienne toujours son bras. Elle réentend la voix de Sean dans sa tête, lors de leur nuit sous la tente. « Les yeux du loup-garou changèrent de couleur et d’un seul coup de griffes, il éventra sa victime ! » Un frisson secoue les épaules de Deirdre et elle commence à redouter qu’il décide de l'éventrer, mais il n’y a aucune griffe à l’horizon. Elle se rappelle avoir balancé son coussin à la tête de Sean pour lui avoir fait si peur, de la bataille de polochons qui a suivi, aussi. Cette pensée lui permet de trembler un peu moins, enfin, tout reprend lorsqu’elle croise à nouveau le regard d’Ayden. « J’ai entendu.. ça. Je sais que tu es un monstre. » lui répond-t-elle d’une voix tremblante, insistant bien sur le dernier mot. Maintenant qu’il s’est grillé tout seul, elle n’a plus de raison de le cacher. Il a été plus faible qu’elle au final, même si il a tout de même réussi à lui faire dire ce qu’il voulait savoir. Tout ce qu’elle espère, c’est qu’il va enfin la laisser partir loin d’ici, maintenant qu’il a ce qu’il veut. Oui, elle a vraiment envie de se barrer d'ici et ce n'est pas ses jambes tremblantes qui diraient le contraire. Quelques secondes après l’avoir pensé, les lumières s’éteignent. Le couvre-feu. Il est inutile de rappeler que Deirdre a une peur bleue du noir depuis qu’elle est toute petite. « Tu… tu peux allumer la lumière ? » demande-t-elle d’une petite voix. Peut-être qu’Ayden peut voir dans le noir, elle n’en sait rien à vrai dire, mais elle, elle n’y voit absolument rien et son angoisse commence à monter. Quelqu’un doit la mettre à l’épreuve, ce n’est pas possible de subir autant d’humiliations en moins d’un quart d’heure.

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En réalité, avant qu'il ait surpris Deirdre à écouter à la porte de l'infirmerie, Ayden n'avait aucune raison de détester la jeune fille. Il se fichait même pas mal d'elle. Pour lui, le fait qu'ils se soient embrassés ne lui faisait ni chaud ni froid, au contraire de la belle blonde, d'après ce qu'il avait compris. Depuis cette fameuse soirée, Deirdre l'évitait, fuyait son regard dans les couloirs. Comme si elle avait honte. Evidement, cette situation amusait bien le Gryffondor qui aurait pu tout raconter et dévoiler l'issue de cette soirée à tout le château, afin d'accentuer encore davantage la gêne de la jeune McGuinness. Cependant, il ne l'avait pas fait. Parce qu'Ayden n'avait pas l'esprit vicieux et sadique d'un Serpentard. Il ne tenait pas particulièrement à détrôner Deirdre de son statut de princesse de Poudlard. Au contraire. Qu'elle reste à sa place. Car avec ses attitudes capricieuses, sa soif de ragot, et toutes ces petites choses qui faisaient d'elle une pathétique Serpentard comme les autres, elle faisait bien rire Ayden, qui, intérieurement, était très satisfait d'avoir été un des rares à pouvoir approcher la pure et chaste Deirdre. Parce qu'elle ne se laissait pas aborder facilement, la petite. Mais lui l'avait fait, et il préférait savourer cette victoire seul, plutôt que de gâcher le plaisir en partageant l'information à tout le monde. Mais maintenant que la jeune fille avait découvert son secret, il était prêt à mettre en place tous les stratagèmes, à révéler tous les secrets embarrassants de la jeune fille, à manipuler autant qu'il le fallait, pour qu'elle se taise. Et en moins de quelques minutes, Deirdre était passé de petite princesse dont il se moquait bien, à dangereuse et redoutable ennemie, qui détenait quelque chose qui lui faisait peur. Bien trop peur.
Elle se recula de quelques pas, stupéfaite, effrayée, apeurée, et manqua de trébucher. Elle avait vu ce qu'elle n'aurait pas dû voir, entendu ce qu'elle n'aurait pas dû entendre. S'en était trop pour Ayden, qui s'adossa contre le mur alors que d'une voix tremblante, Deirdre le traita de monstre. Sur le coup, il ne réagit même pas. Il aurait pu s'énerver, les battements de son cœur se seraient sauvagement accélérer, il aurait perdu en partie le contrôle, serait devenu agressif et violent. La pleine lune avait ces effets sur lui, lorsqu'il ne se transformait pas. Il en était sa victime, malgré tout ce qu'il pouvait avaler. Au lieu de cela, il resta parfaitement calme, et hocha minablement la tête. Fatigué, épuisé, lassé de devoir se cacher, d'être qui il était. Il n'avait pas de chance et il savait qu'il n'était qu'une demi-bête sanglante aux envies meurtrières. Qu'il était dangereux. Qu'il n'était pas fait pour être à Poudlard. Il le savait. Passant une main sur son visage, il releva le regard et le plongea dans celui de Deirdre. La jeune fille, apeurée, n'avait pas bougé, et ne le quittait pas des yeux. « Je sais. » Commença-t-il d'une voix qui se perdait dans la pénombre. Comme un cri de rage, ces deux simples mots témoignaient de toute la terreur qu'il avait pour lui-même, de tous les doutes qui l'assaillaient, de tous ces démons sanglants qui le tourmentaient. Tout ça, à cause de sa lycanthropie. Deirdre ne pouvait pas comprendre à quel point il était sincère, à quel point un minable et pathétique « je sais » pouvait trahir toute la douleur d'Ayden. « Je sais... » Ce ne fut qu'un simple murmure qui fut emporté par les légers courants d'air qui traversaient parfois les couloirs. Ayden ne savait même pas si McGuinness l'avait entendu. Il s'en fichait.
Soudain, les lumières s'éteignirent. Le couvre-feu. Grâce à ses facultés de loup-garou, Ayden pouvait voir très aisément dans le noir, mais ce n'était pas le cas de Deirdre, naturellement. Sa petite voix tremblante raisonna. Ayden n'eut même pas pitié d'elle, n'esquissa pas même un sourire moqueur. Elle savait. Et ça la rendait beaucoup plus forte qu'elle ne pouvait l'imaginer. Car si elle révéler la véritable nature du garçon à tout le château, ce n'était pas seulement la réputation d'Ayden qu'elle mettait en péril, mais celle de toute la famille Everdeen. Ses parents ne lui pardonneraient jamais de s'être montré si imprudent. Elle briserait tout espoir qu'avait le garçon d'un jour rendre fiers ses géniteurs en même temps qu'elle l'enfermerait dans une cage imaginaire, le condamnant au statut de bête sauvage, inappropriée, inadaptée. Ayden ne pouvait la laisser détruire tout ce qu'il s'était efforcé de construire. « Lumos. » Souffla-t-il en sortant sa baguette, éclairant faiblement le couloir, mais suffisamment pour distinguer la silhouette immobile de la blonde. Il s'approcha, elle recula. Il soupira. « C'est normal que tu aies peur de moi. Moi-même j'ai peur de moi. Mais je ne peux pas te faire de mal, là, tu comprends ? J'ai pris la potion. Uniquement si quelque chose m'énerve suffisamment pour me mettre hors de moi, je pourrais devenir violent. Or je suis très calme. » Il expliquait avec une certaine douceur, une certaine patience déconcertante. Il ne devait plus prendre de risques pour mettre son secret davantage encore en danger, désormais. Avant même que Deirdre ait eu le temps de faire le moindre geste, Ayden s'approcha d'elle, bien trop près, à une vitesse impressionnante. « Tu dois me jurer que tu ne diras rien. A personne. Pas même à O'Callaghan. Jure le. » Déclara-t-il en reprenant une voix menaçante. Puis, il se décolla légèrement de Deirdre, ne baissant le regard que pour atteindre ses yeux. « Sinon, tu peux être certaine que ce qui s'est passé entre nous, l'autre fois, tout le monde le saura. Ce serait bête de salir ta réputation si parfaite. »

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