you can't escape.

Assise sur son lit en tailleur, Ruby relisait son livre de métamorphose tout en fermant les yeux afin de mieux mémoriser le sortilège de transmutation. A-la-me-tach… argh, et voilà c’était encore raté. Elle avait oublié le mo en plein milieu de sa phrase. Si elle avait utilisé ce sortilège tel quel, elle aurait surement arraché un membre entier à son binôme. Se sentant coupable face à son idiotie, elle bascula en arrière pour retomber sur son lit, enfonçant son coussin sur sa tête pour se cacher. « Hum, Ruby… mais qu’est-ce que tu fais ? » la questionna une voix ensommeillée de l’autre côté de la pièce. « Oh pardon, je suis vraiment désolée Freyja. Je révisais je… rendors-toi, je ne te dérangerais plus. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Freyja n’eut pas le temps de plus se réveiller que Ruby avait embarqué ses livres et sortait du dortoir. Et voilà qu’elle se sentait encore plus coupable. En plus d’être inutile, elle était une gêne pour les seules connaissances qui l’appréciaient un tant soit peu. Quelle idiote.

Descendant les marches, elle jeta un léger coup d’œil en direction de la salle commune pour voir si cette dernière était libre. Elle n'avait guère envie d'expliquer son insomnie dû à une raison obscure, ni même de tenter de faire la conversation poliment avec quelqu'un d'autre. Elle appréciait les membres de sa maison mais lorsque la nuit s'abattait, c'était comme si son masque se fissurait. Elle n'arrivait alors plus à le remettre correctement en place. Au comble de son malheur.
Merlin était là, sur la grande table de travail. Mince. Faisant demi-tour, elle fut arrêtée par un léger ronflement. Comment ? Redescendant, elle remarqua que ce dernier s'était endormi sur sa table. Il était tellement touchant ainsi. Souriant tendrement, Ruby s'approcha de la table afin de prendre sa plume des mains pour qu'il évite de faire des tâches sur son parchemin et reboucha l'encre. Cette dernière séchait tellement vite. Une fois fait, elle se précipita vers le fauteuil le plus excentré et proche de la cheminée lorsqu'elle sentit le rouge lui monter aux joues en l'observant. C'était d'un malpoli. Ma vieille, tu ne t'arranges pas. S'asseyant, elle se cacha dans sa chevelure et ouvrit son livre sans même le regarder, plongeant dans les méandres de son esprit torturé.


« Tu lis quoi ? » La question la surprise, autant que la présence du gryffondor à ses côtés. Sursautant, Ruby releva rapidement la tête pour la braquer de façon étonnée vers Merlin. Merlin ?! Ne devait-il pas dormir. Remarquant qu’elle le fixait (depuis seulement un quart de secondes mais soit !), la gryffondor détourna le regard pour le reporter sur son livre, en ayant oublié la question. C’était quoi déjà ?! Ah oui, le livre. «  Hum… c’est un livre sur la métamorphose humaine. » Oui voilà. Remarquant alors le croquis d’une plante pour la préparation d’une potion, Ruby fronça les sourcils. Oh non, elle s’était trompée de livre en descendant de la salle commune. L’imbécile. « Euh non. Enfin si. C’est sur les potions pour guérir d’une mauvaise transmutation. » Par tous les diables mais pourquoi s’était-il posé à côté d’elle ? Pourquoi était-il là ? Elle n’aurait jamais dû descendre dans la salle commune à cette heure-ci et rester dans les escaliers comme elle le faisait souvent. En plus, elle racontait n’importe quoi. Pour qui allait-elle passer ?! « Ça a l’air vachement intéressant ! » Surprise, Ruby haussa un coup d’œil vers lui afin de lui sourire poliment. « C’est gentil mais… » Elle n’osait pas dire la suite et pourtant, sa phrase restait en suspens. « Tu n’es pas obligé de faire çà, tu sais. » continua-t-elle à voix basse, sur le même ton que ce dernier. D’être gentil avec elle. C’était le cas de beaucoup mais personne ne l’avait encore vu pleurer. Elle n’avait jamais pleuré devant personne. Et voilà qu’il était arrivé et avait détruit son secret le plus gardé. Il devait la prendre pour une imbécile faible et gémissante. Et non pas une vraie lionne. La honte grandissant en elle, elle détourna une mèche de cheveux de son oreille pour pouvoir se cacher derrière en espérant qu’elle ne se mettait pas à rougir de honte. Il ne manquerait plus que cela. Allez Ruby, reprends-toi ! On dirait une larve, enfin. Un peu de nerfs, ma fille. Se forçant à redresser les épaules, elle inspira lentement tout en se forçant de sourire timidement pour masquer son désarroi. Ça marchait toujours le coup du sourire. Personne n’avait encore été capable de voir au travers.
« Tu comptes me fuir, encore ?! » Par Merlin (oui oh bon, hein…), ce garçon avait-il un don pour pouvoir lire dans ses pensées ? Était-il un légimence ? Par tous les saints, comment allait-elle faire, voir survivre s'il découvrait tout ? Le fait qu'elle l'admire pour ses qualités et son aisance relationnelle. " Nnnon." commença-t-elle par répondre rapidement et de façon hésitante. Oui bon d'accord, si en fait. Mais il n'était pas censé l'avoir remarqué. Personne n'était sensé l'avoir remarqué. Même pas Freyja qui a des yeux de partout. "Je ne vois pas pourquoi tu dis çà..." affirma-t-elle en se forçant à le regarder avec un faux air étonné pour masquer à la fois sa gêne et son mensonge. Elle n'allait quand même pas lui avouer qu'elle était gênée en sa présence depuis ce jour où il l'avait surprise dans la salle des trophées. Sa honte la cueillerait dans sa tombe alors. Plus important : il ne fallait pas qu'elle restait sur cette conversation sinon, elle allait en perdre le peu d'honneur qui lui restait. D'un côté, son subconscient lui disait de partir au loin en prétextant qu'il était tard et qu'il fallait qu'elle aille dormir. Que c'était indécent. Et de l'autre, cette petite voix inconnue qui lui tordait les intestins lui chuchotait doucement de rester et de lui sourire en parlant de tout et de rien, comme une fille normale. Car elle était une fille normale. Sans savoir pourquoi ni comment, ce fut celle-ci qui gagna la première manche. Allez, elle pouvait le faire. Elle pouvait... "surtout que c'est moi qui suis descendue dans la salle commune alors que tu étais là. Je n’appellerais pas cela éviter." ... le faire et elle le fit. Contente d'avoir émis une phrase aussi longue sans en perdre le fil, elle sourit joyeusement, fière d'elle. "Sur quoi travailles-tu ? La métamorphose a l'air de profondément t'endormir."